Association Loi 1901

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Les Grottes d'Amfreville PDF Imprimer Envoyer
Écrit par Le Fureteur   
Vendredi, 30 Mai 2008 00:00

Le Fureteur sera votre guide au fil du temps.

Il vous conduira par monts et par vaux à travers nos sept hameaux. Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, notez que notre commune se compose de quatre hameaux en vallée qui sont les Ecluses, le Val-Pitan, le Village et le Val-Hamet et de trois sur le plateau qui sont les Deux-Amants, le Plessis et Senneville.

L'ENSEMBLE FORME LE VILLAGE D'AMFREVILLE-SOUS-LES-MONTS.

 

Aujourd'hui le Fureteur vous propose de partir à la découverte de :

AMFREVILLE SOUTERRAIN


UNE GROTTE MECONNUE

A quelques temps de là je gravissais le coteau du Val-Pitan par le chemin des Monts pour emprunter le sentier botanique que créa André Pilet, un ancien Amfrevillais aujourd'hui décédé et dont nous aurons l'occasion de reparler. Malheureusement ce sentier n'en a plus que le nom et un jour viendra où l'E.S.E.M. devra œuvrer pour sa remise en état.

Après plusieurs minutes d'un effort soutenu je sortais du sous-bois et débouchais à la crête du coteau face à un superbe paysage de vallée. Un chaud soleil de printemps faisait miroiter la Seine de teintes argentées au gré du passage des péniches. Au-delà des écluses et du barrage s'étendait la base nautique de Poses. A gauche la colline fuyait vers les Andelys et, à ma droite, j'apercevais les villages de Pîtres, du Manoir et d'Alizay.

ImageDe ce côté, justement, me parvenaient des bruits de voix étouffés sans que je puisse voir quiconque à cause du relief. Je reprenais mon ascension en longeant le faîte du versant pour en avoir le cœur net. Tandis qu'un parapentiste était en train de gonfler sa voile prêt à décoller, un autre lui prodiguait ses conseils. Le vent modéré était légèrement travers d'où les remarques du pro au néophyte. Je m'arrêtais quelques instants pour profiter du spectacle du décollage mais aussi pour souffler un peu. L'élève avait apparemment bien suivi la leçon du maître puisqu'il gagna rapidement de l'altitude après avoir effectué plusieurs passages.

ImageJe poursuivis mon chemin vers le château des Deux-Amants. J'empruntai la passerelle de bois pour accéder au belvédère. Son piteux état me révolta car il était évident qu'il n'était dû qu'à un manque d'entretien. Comment peut-on laisser un tel site à l'abandon au risque de créer un accident ? Faute de trouver la réponse je m'approchai de ce qui fut, il n'y a pas si longtemps, la table d'orientation que je trouvai dans un même état de délabrement dû, cete fois, à la malveillance. Je m'attardai encore un moment dans la contemplation du superbe panorama puis je m'avisai de redescendre, en direct, ce pan de colline que gravirent, d'après la légende, Calliste et Edmond.

C'est là, dix mètres en contrebas de l'hémicycle situé à l'opposé de la table d'orientation et en direction de l'ouest, que je découvris cette grotte oubliée, à moitié dissimulée par la végétation et invisible de la route. Il ne peut s'agir que d'une ancienne demeure de berger comme en témoignent les nombreux opes qui reçurent les poutres de l'ossature de bois. Elle est profonde de 3 m. et large de 4 avec une hauteur sous plafond de 2,60 m. et abrite, de nos jours, les agapes de quelques adolescents.

 

LE DOMAINE DES OMBRES

 

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Fort de cette découverte je décidai d'interroger les habitants du village, me doutant bien qu'un tel relief devait receler d'autres trésors oubliés. Je ne fus pas déçu.

ImageProfitant de belles journées ensoleillées je partis à l'aventure grâce aux renseignements glanés ici et là. Le mot "aventure" n'est pas trop fort. Quand je m'engageai dans le chemin des Coteaux, au Val-Hamet, suite aux conseils de Marion, je ne pensais pas trouver, en sous-bois, un décor "amazonien" digne des films d'IndianaImage Jones. Pour être sûr de ne pas rater mon objectif je dus crapahuter par-dessus les arbres abattus et à travers les éboulis pendant huit cents mètres dans un ravin profond de vingt et longé par un sentier passant en contre-haut, manquant à tout moment de me rompre les os. Après un quart d'heure de marche, suant sang et eau (les ronces, les orties et les moustiques ne m'ayant pas épargné), couvert de fils d'Ariane et souffrant d'un début de torticolis à force de scruter les hauteurs, je distinguai sur ma droite une cassure de la pente qui m'indiquait que je devais être arrivé. J'escaladai le versant du ravin et découvris effectivement la gueule béante du souterrain, noire à souhait et prête à m'engloutir. Armé de ma mini-Maglite je m'engageai sans hésitation, franchissant un barrage d'insectes tous plus agressifs les uns que les autres tels des soldats semblant garder l'entrée d'une citadelle. Bien que l'ouverture ait été rétrécie par des glissements de terre, le petit vestibule qui s'offrit à moi me permit de me tenir debout. Tandis qu'une bonne odeur d'humidité m'emplissait les narines je frissonnais de bien-être à la fraîcheur des lieux. Je découvris progressivement mon nouvel environnement. La rectitude des parois ne laissait aucun doute : tout comme ma grotte de berger ce souterrain avait été façonné par l'homme. C'est une cavité composée de plusieurs petites salles (la plus grande fait un peu plus de 12 m3 c'est-à-dire 3,20 m. de long x 2 m. x 2 m.) autour d'un pilier central. Le déambulatoire, dont la largeur varie de 0,80 m. à 1 m., est donc restreint. J'ai pu dénombrer huit niches inégalement réparties et disposées à mi-hauteur qui servaient à installer différents accessoires dont des systèmes d'éclairage. Image

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Didier m'avait indiqué une autre cavité où il prenait plaisir à venir jouer quand il était enfant. Pour la trouver facilement il suffit de se rendre au Plessis sur la place René Raban et, à pied, d'emprunter la rue du Fescot à contresens puis le premier sentier à gauche qui longe une ravine dont le décor n'a rien à envier à celui de l'expédition précédente : même relief accidenté et même luxuriance de végétation.

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Après cinquante mètres il faut descendre le versant de la ravine. L'entrée de la grotte est là, à mi-hauteur. Comme pour l'autre elle a été réduite par des éboulis. Les galeries forment un grand huit de 40 m. de circonvolutions où il est donc impossible de se perdre. Un corridor annexe prolonge l'ensemble d'une quinzaine de mètres. Il est agrémenté de quelques diverticules qui n'excèdent pas deux mètres. Le plafond est effondré en plusieurs endroits mais la progression se fait sans difficulté par des couloirs larges de 0,80 m. et hauts de 1,60 m. à 1,90 m.

 
 

 

C'est feu Elisée Godécaux qui m'avait soufflé le troisième emplacement qu'il découvrit alors qu'il parcourait les forêts de nos coteaux le fusil en bandoulière. Ce n'est pas une mais deux grottes qui s'offrirent à moi, distantes d'à peine dix mètres. Elles sont peu profondes et n'ont vraisemblablement pas été terminées car elles sont situées dans le prolongement l'une de l'autre sans être raccordées et n'ont qu'une seule entrée alors que les précédentes en ont deux dont l'une est systématiquement obstruée par des éboulis. Elles forment deux "T" dont le couloir d'accès, pour l'une, mesure 4 m. et, pour l'autre, 2,50 m. et les galeries transversales respectivement 5 m. et 3,50 m. Elles sont larges de 0,80 m. à 1 m. et hautes de 1,60 m. à 1,70 m.

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Elles sont, elles aussi, situées dans une cavée très encaissée mais qui ne dépasse pas douze mètres de profondeur.

ImageImagePour y accéder il faut, à partir d'Amfreville, prendre la direction de Connelles par la D.19 et s'arrêter juste avant Vatteport. La poursuite de l'expédition se fait pédestrement avec de bonnes chaussures de randonneur par le sentier situé à gauche de la route. Au bout de 400 m. il faut prendre à droite à la première intersection et parcourir encore 450 m. jusqu'à une ravine située à main gauche puis continuer tout droit sur un peu plus de 200 m. Une nouvelle intersection en forme de "Y" s'offre au regard. Prendre à gauche pendant 200 m. Le terrain s'encaisse et devient de plus en plus accidenté. La première grotte est là, sur le versant gauche, presque à hauteur d'homme. Quelques pas de plus vous permettront de découvrir sa sœur jumelle creusée symétriquement. Vous êtes à peine à 150 m. de la petite route qui sort de Senneville pour rejoindre le hameau du Londe de la commune de Heuqueville.

ImageDu vivant d'Annie Langlois, celle-ci, mise au courant de mes investigations, apporta de l'eau à mon moulin en m'indiquant un autre souterrain ressemblant aux précédents. Il part tout simplement de ce qui fut sa propriété au Val-Pitan, cette ancienne ferme dénommée depuis longtemps "le petit Nice", et court sous la colline. C'est de loin le plus profond puisqu'il est rectiligne et mesure 25 m. de long avec quelques renfoncements d'une dimension négligeable. Comme la plupart, sa largeur est de 0,80 m. et sa hauteur de 1,70 m.

A l'heure actuelle peu de monde connaît la vraie raison de l'existence de toutes ces cavités qui servent, en tout cas, depuis longtemps, aux jeux des enfants de la commune pour en faire des repères de légende. Alain, Patrick, William et les autres se souviennent de leurs jeunes années passées à conquérir ce domaine des ombres. On croit, sans plus d'explication, que ce sont des marnières.

ImageMais les anciens ont toujours présent à la mémoire ces moments forts qu'il vécurent avec leurs parents pendant la dernière guerre. Leurs pères faisaient partie de ceux qui creusèrent les galeries pour préserver la population des bombardements lors des raids alliés. Afin d'échapper aux représailles des Allemands, Guy et Claude y trouvèrent refuge avec les habitants du village durant les cinq derniers jours qui précédèrent la Libération.

ImageImageEn d'autres temps j'eus l'occasion de visiter encore deux cavités que d'aucuns prennent pour des souterrains dont l'un partirait du château Canteloup pour rejoindre le château des Deux-Amants et l'autre de l'ancien presbytère pour relier l'église Saint-Michel voire même le manoir de Senneville. Bien entendu il n'en est rien. Ce ne sont que deux caves tout à fait similaires voûtées et maçonnées sur toute leur longueur. La première mesure 14 m. de long et la deuxième 8 m. avec une hauteur de plafond de 1,80 m. à 2 m. et une largeur de 1,40 à 2 m. Elles passent sous la D.19 et se terminent en cul-de-sac. Aucun éboulis à leur extrémité mais une roche bien compacte ne laissaient place à aucun doute quant à une issue quelconque avant que leurs propriétaires l'eût maçonnée. Il existe de nombreuses autres caves creusées dans la roche (toutes très ressemblantes) dont deux au Plessis, en sous-bois, qui font trois et cinq mètres de profondeur. Cette dernière, propriété de Ginette et Henri, a toujours été baptisée "la vieille cave". Dans les années 70 un sans-abri y avait élu domicile.

ImageIl faut savoir que les souterrains en général (même ceux des châteaux-forts et hormis les exploitations en sous-sol telles que les carrières ou les mines) ne dépassent pas quelques dizaines de mètres (vingt à trente maximum) contrairement à ce que pensent de nombreuses personnes.

Mais cela fait partie de l'imaginaire de l'homme que de vouloir trouver, dans le domaine des ombres, une réponse à ses rêves. Les cavités souterraines lui ont toujours procuré une peur irraisonnée en même temps qu'un attrait irrésistible : les fameuses peurs viscérales de l'enfance dans lesquelles chaque individu en bas âge se complaît. Par nature l'obscurité et l'inconnu ne sont pas son fort. Pour justifier ses craintes il s'inventa, le plus souvent, un monde magique peuplant ces antres de Satan. Il s'agit de dragons gardant de mirifiques trésors dans une salle située au bout d'un interminable corridor. Certains savants psychologues vous diraient certainement que la peur est donc représentée par le dragon et l'attrait par le trésor. Il faut savoir que, d'une manière générale, les seuls êtres qui peuplent nos grottes ne dépassent pas la taille… d'une chauve-souris.

ImageA Amfreville, pas de trésor mais une légende qui a la vie dure et à propos de laquelle certains aimeraient bien retrouver l'emplacement du tombeau des deux amants. D'où un énième fantasme qui fait croire à beaucoup que les caves abandonnées situées dans le parc du château méneraient à leur sépulture. Mais comme ils n'ont jamais rien trouvé ils estiment tout simplement que les nombreux éboulis en sont la cause…

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J'ai terminé mon périple en inventoriant d'autres demeures de berger éparpillées à flanc de colline et que l'on voit depuis la D.19 qui serpente le long de la Seine. Elles sont au nombre de sept et sont évidemment bien antérieures à tous ces souterrains que nous venons de passer en revue. Ce sont de simples abris sous roche qui ne laissent apparaître aucun vestige architectural comme ceux que j'ai pu trouver dans la grotte des Deux-Amants. ImageEn général une sente permet d'y accéder sauf pour la roche Bardin qui domine le Val-Hamet en contrebas du banc de la côte du Plessis. Elle recèle une cavité que seuls les varappeurs et les randonneurs un peu fous peuvent atteindre. L'unique manière d'y pénétrer est d'escalader la paroi verticale (avec ou sans matériel ; c'est selon) en s'aidant des rognons de silex qui affleurent en nombre.

Peut-être y-a-t-il eu un glissement de terrain qui a supprimé l'ancien chemin. A moins que celui qui s'est confectionné cette grotte ait voulu préserver sa tranquillité en la choisissant inaccessible. C'est la plus vaste de toutes. Un vestibule de 5 m. de large et de 3 m. de profondeur, avec une hauteur sous plafond qui n'excède pas 1,30 m., accueille le curieux alors que la chambre située dans le prolongement atteint 1,80 m. pour une surface de 7 m2 et permet donc de se tenir debout. Les actions successives du gel et du dégel délitent la pierre calcaire couvrant le sol d'un manteau neigeux immaculé rarement souillé faute de visiteurs.

ImageEn gravissant les coteaux à la manière de notre héros de légende mais sans pesant fardeau j'ai pu constater combien celui-là, s'il a réellement existé, a souffert pour accomplir son exploit incensé. Pour ma part j'ai été récompensé bien des fois, autant par le foisonnement de la flore qui tapisse le flanc de la colline que par les quelques quadrupèdes, reptiles et volatiles que j'ai pu débusquer. Et puis, la cerise sur le gâteau, c'est ce superbe fossile d'oursin que j'ai découvert dans les éboulis. Nous aurons l'occasion d'en reparler. Car c'est une autre histoire. Une histoire antédiluvienne…

A bientôt pour d'autres découvertes.

LE FURETEUR

 

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Commentaires (2)
cavités souterraines vers Amfreville sous les monts
2 Vendredi, 06 Décembre 2019 08:21
STAIGRE jean-claude
Bonjour,

Je suis en train de travailler sur un inventaire des grottes et carrières souterraines situées entre la Côte des deux Amants et les Andelys.

Pourriez-vous me contacter .

merci d'avance,
Jean-Claude Staigre
Centre Normand d'Etude du Karst
06 25 40 13 63
Trou d'Enfer
1 Jeudi, 17 Septembre 2015 07:25
Staigre
Bonjour,

Connaissez-vous une grotte naturelle applelée le Trou d'Enfer (située entre Le Moulin de Conelles et les falaises qui servent à l'escalade).
Je pênse y aller Mercredi prochain, dans le cadre d'une étude géologique . Peut-être pourrait-on s'y rencontrer...et voir ce que vous connaissez dans ce secteur.

Bonne journée

Jean Claude Staigre (cnek.org)

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