Association Loi 1901

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La Randonnée du Patrimoine PDF Imprimer Envoyer
Écrit par Francis Guille   
Dimanche, 22 Juin 2008 00:00


     Grâce à la participation du C.S.N.H.N. (Conservatoire des Sites Naturels de Haute-Normandie), l'E.S.E.M. organisait ce dimanche-là une première randonnée permettant de partir à la découverte de notre patrimoine. Cette sortie était axée sur deux thèmes : architecture et flore de nos coteaux.

     Plus de trente personnes se rencontraient, comme prévu, dès 14h. en contrebas de l'église sur le parking que certains automobilistes riverains auraient tendance à vouloir s'accaparer.

     Ces randonneurs d'un jour venaient, pour la plupart, d'Amfreville mais aussi des villages alentour : Romilly-sur-Andelle, Pont-de-l'Arche, Etrépagny, Vatteville et Douville-sur-Andelle. Ils avaient pour nom : Christophe Duho ; Nicole de Cournon ; Colette Trajin ; Vinicio Mati ; Louise et Jean-Marc Jacquin ; Michel Prévost ; Francis Blanchet ; Hilde et Gérard Demaegdt ; Edith Lamaque ; Ginette Girot ; Christine et Olivier Bouquet ; Françoise, Bruno et Clément Guibout ; Mauricette Thierry ; Marie-Claude et François-Xavier Trajin ; Brigitte et Jean-Philippe Dognin ; Marie-Thé Haigneré ; Francis Guille. Quatre charmantes personnes d'Etrépagny, dont je n'ai pas eu le temps de prendre le nom, se sont échappées avant la fin de la randonnée. Un message de sympathie nous avait été adressé par Chantal Trajin, la présidente de l'E.S.E.M., qui ne pouvait être des nôtres.

     Marthe Valette, une habitante du Val-Pitan, fut notre premier guide qui emmena le groupe dans la découverte de l'église Saint-Michel et de ses trésors.

     Cet édifice, entièrement reconstruit au XIVe siècle, fut plusieurs fois remanié au cours des âges. Il était intéressant de noter que le village d'Amfreville est un des rares de France à posséder un cimetère non enclos. Le site de l'église et du cimetière est classé (depuis 1929) bien que ces deux éléments ne soient pas classés aux Monuments historiques. Sur les murs, à l'extérieur, sont encore visibles, malgré l'érosion importante de la pierre, de nombreux graffiti représentant essentiellement des calvaires et des bateaux.  

     A l'intérieur, de très belles arabesques, datant de la fin du XIXe siècle et du début du XXe, peintes à même les murs et aussi au niveau des cintres, ont pu être préservées. D'autres ont été restaurées bénévolement en 1990, sous la conduite des Beaux-Arts, par Jeanne-Marie Legoy du Val-Pitan aidée en cela par Marthe et Pierre Valette pour les peintures autour des vitraux grâce à la technique du pochoir. Les stalles et lambris, qui datent du XVIIIe, proviennent de l'ancien prieuré des Deux-Amants et auraient sérieusement besoin d'être remis en état. Le nombre de statues est important mais, là aussi, il y en a beaucoup qui ont été récupérées lorsque le prieuré fut vidé de ses occupants dans les années qui suivirent la Révolution. L'archange saint Michel, patron de cette église, y est évidemment représenté terrassant le dragon. Il est censé protéger les policiers, les boulangers et les parachutistes. D'autres saints peuvent être invoqués tels Marie-Madeleine par les coiffeurs, Hubert par les chasseurs, Nicolas par les enfants, Apolline contre le mal de dents, Antoine de Padoue pour retrouver un objet perdu, pour ne citer que ceux-là.

 

     A chacun d'eux est attachée une légende. Celle de saint Nicolas n'est pas la moins originale. Il aurait ressuscité trois enfants qui avaient été égorgés puis dépecés et mis au saloir par un boucher. Il est donc souvent représenté avec ces trois enfants.

      Dans le chœur il était intéressant de remarquer, au sol, une marque d'humidité parfaitement rectangulaire qui permet d'affirmer qu'en ce lieu existe une tombe où fut enterré, comme le voulait la tradition, sinon un seigneur, du moins un curé de la paroisse il y a fort longtemps. On peut donc supposer que le pavage actuel recouvre une ancienne pierre tombale gravée. Je laisse au Fureteur le soin de se documenter…

     A l'extrémité de la nef, du côté de l'entrée, figure un large cartouche commémorant ceux qui œuvrèrent pour cette église. Malheureusement il n'a pas été terminé et la date manque. Mais cette inscription est, très vraisemblablement, du XIXe siècle. Ce qui est à noter, en fait, c'est la présence, parmi ces noms, de deux Jobin, cette très ancienne famille d'Amfreville dont l'un des membres, il y a fort longtemps, émigra au Canada où il fit souche. Martine Longfier, née Godécaux, qui habite au hameau du Village, est une descendante de cette famille.

     Après la visite de l'église, Emmanuelle Bernet, du C.S.N.H.N., prit le relais pour nous entraîner sur les coteaux à la découverte de la flore. En traversant le cimetière chacun put remarquer les restes de l'ancien calvaire mis à mal gratuitement et sans aucun état d'âme à l'été 2000 par l'actuel maire d'Amfreville.

     La suite de l'expédition nous permit d'apprécier la richesse et la diversité des espèces végétales disséminées sur nos coteaux. Nous ne pouvions manquer la fameuse Violette de Rouen si rare qui fleurit de mars à octobre sous l'œil bienveillant d'Emmanuelle et de son équipe. Avec la Biscutelle de Neustrie, ces deux espèces qui affectionnent nos versants crayeux étaient en voie de disparition. Leur sauvegarde est assurée par le C.S.N.H.N. qui a pour mission l'entretien des milieux naturels de la région dans le cadre du programme L.I.F.E. (L'Instrument Financier pour l'Environnement) de préservation des pelouses calcaires. Pourquoi une telle attention pour ces fleurs minuscules penseront certains ? Il faut savoir que la nature est un ensemble d'écosystèmes formant des chaînes dont certaines ont des maillons communs. En détruisant ou en laissant disparaître l'un de ces maillons, c'est-à-dire l'une quelconque des espèces végétales ou même animales, nous désiquilibrons un processus de vie qui, à terme, est nuisible à l'homme. En revanche, en les préservant, nous assurons, en quelque sorte, l'avenir de nos enfants. La cueillette en est donc interdite.

     De plus, la Violette de Rouen et la Biscutelle de Neustrie sont deux espèces endémiques. Cela veut dire qu'elles ne se développent que sur un périmètre restreint. La première est encore plus exigeante que la deuxième puisqu'elle ne pousse que sur les pentes d'éboulis de faible granulométrie de nos coteaux crayeux et ne supporte pas le voisinage de certaines plantes qui ont vite fait de l'étouffer. Si nous voulons la pérenniser il devient également nécessaire et urgent de proscrire de nos jardins la classique Pensée horticole qui a la facheuse faculté de se croiser avec sa cousine en entraînant la perte de son patrimoine génétique.

     La plupart des autres plantes de nos coteaux n'ont heureusement pas à supporter ces difficultés de survie. C'est ainsi qu'Emmanuelle a pu nous faire découvrir un ensemble floral et arbustif particulièrement dense et varié tant par les formes que par les couleurs.

     Citons, pour exemples, le Dompte-Venin qui, malgré son nom, est véritablement toxique ; la Bugrane gluante nantie de très belles fleurs jaunes mais au toucher et à l'odeur désagréables ; l'Orchis bouc dont l'odeur rappelle celle du mâle de la chèvre ; la Centaurée qui fait briller de mille feux, à la lumière du soleil, chacun de ses petits tubes composant la fleur de couleur violette ; la Digitale jaune aux clochettes et à la tige beaucoup plus petites que celles de sa cousine pourpre des sous-bois du plateau ; le Cornouiller sanguin, un arbuste au bois dur et à petites baies noires pourprées (vertes à cette époque) dont les feuilles deviennent rouges à la fin de l'été et ont l'étonnante particularité d'être composées de fibres élastiques ; le Genévrier, un autre arbuste, à feuilles épineuses et à baies violettes autrement appelé, sur notre territoire d'Amfreville, la Calève ; l'Ail à tête ronde ; la Raiponce orbiculaire ; l'Euphorbe ésule ; l'Epipactis brun-rouge ; l'Epiaire dressée ; l'Hélianthème des Apennins ; etc. Sachez qu'il existe près de 500 espèces florales et arbustives sur nos coteaux contre 50 en sous-bois. Je m'en tiendrai donc là de cette liste sans fin pour ne pas lasser le lecteur. Le passionné n'hésitera pas à se rapprocher du C.S.N.H.N. pour un inventaire exhaustif et des compléments d'informations sur chacune de ces espèces. Mais je pense qu'un jour le Fureteur prendra le temps de se pencher sur le sujet pour satisfaire votre curiosité.

     L'exceptionnelle exposition de nos coteaux (on y a cultivé la vigne pendant plusieurs décennies mais aussi le seigle et le blé) et la pauvreté du sol ont favorisé le développement de certaines plantes au détriment d'autres. La roche calcaire est une roche sédimentaire provenant essentiellement de la décomposition du squelette d'une algue microscopique unicellulaire, la coccolithe, dont les individus se sont multipliés pendant des millions d'années, tapissant en couches successives le fond des océans qui recouvraient la plus grande partie du globe. Nos coteaux étaient donc sous les eaux et si vous les voyez blancs, c'est tout simplement parce qu'ils sont la résultante de ce processus très lent mis en place sur notre planète. Au fil du temps, une multitude de plantes ont su s'adapter à ce terrain aride en développant, par exemple, différents systèmes pour ralentir l'évaporation de l'eau absorbée.

     Nous avons terminé notre passionnante randonnée par la découverte d'un ancien four à chaux installé au pied de la colline sur la propriété de Carole et Alain Motte à proximité du chemin des Coteaux. Les chaufourniers n'avaient qu'à se baisser pour récupérer le calcaire nécessaire à la confection de la chaux. La carrière est juste derrière et sert, de nos jours, de terrain d'essais à la reproduction naturelle de la Violette de Rouen ; le site est régulièrement désherbé pour favoriser l'implantation de quelques individus. Si cela devait s'avérer inefficace le C.S.N.H.N. compte bien "aider" la nature en déposant des graines récupérées sur les rares plants existants.

     Cette sortie de trois kilomètres dura trois heures dont deux furent employées à découvrir le foisonnement de la végétation florale et arbustive de nos coteaux grâce aux connaissances et à la compétence d'Emmanuelle.

Francis Guille         


      Conservatoire des Sites Naturels de Haute-Normandie :

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               Tél. : 02 35 65 47 10
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               Site Internet : http://www.cren-haute-normandie.com/

 
Commentaires (3)
St Evroult
3 Samedi, 24 Mars 2012 00:14
bienvenu michel
Je viens seulement de m'apercevoir que vous aviez répondu à ma question concernant St Evroult, et je vous remercie de vos précisions.
Concernant les vertus de saint Evroult guérisseur, je vous signale qu'à St Evroult-Notre Dame du bois se trouve une assez grand bassin (les sources de la Charentonne) appelé la fontaine aux fous : l'eau y est particulièrement froide, et on y plongeait les malades.
saint Evroult
2 Vendredi, 22 Octobre 2010 09:39
Le Fureteur
Bonjour Michel,
Désolé d'avoir tardé à vous répondre et merci de votre question et de l'intérêt que vous portez à notre site.
La statue de saint Evroult (ou Evroul, ou Evroud) est toujours présente dans notre église. Comme l'indiquait Francis Guille dans son article, de nombreuses statues proviennent de notre ancien prieuré des Deux-Amants. Peut-être celle-là fait-elle partie du lot qui a été sauvé après la Révolution.
Comme vous le savez peut-être Evroult (né à Bayeux en 627) était un seigneur qui quitta sa femme pour se faire moine puis convertit le Pays d'Ouche qui s'étend, depuis, en Eure et en Orne. C'est lui qui fonda l'abbaye qui porte son nom et qui donna aussi son nom à votre village natal. Il y est décédé le 29 décembre 706. Sachez que l'église de Damville (au S.S.O. d'Evreux) est placée sous son vocable.
Lorsqu'une statue était conçue pour représenter un saint c'était afin que les fidèles puissent lui adresser une prière en fonction de ses capacités à guérir certains maux. En tout cas c'est ainsi que le veut la légende des saints. C'est une des raisons essentielles qu'a trouvée l'Eglise depuis ses origines pour inciter le peuple à se rapprocher d'elle.
Saint Evroult était invoqué pour la protection des troupeaux, pour la croissance et aussi contre les fièvres et la folie.
Il n'y a donc pas de lien direct entre votre village natal et notre église Saint-Michel d'Amfreville. Dans d'autres églises, notamment en Pays d'Ouche, vous pourriez donc retrouver la représentation de ce saint guérisseur.

Le Fureteur
église d'Amfreville
1 Dimanche, 19 Septembre 2010 17:15
Bienvenu Michel
Il y a longtemps que je n'ai la possibilité d'entrer dans l'&glise, mais il me semble qu'il s'y trouvait une statue de Saint Evroult. Savez-vous quels liens ont pu rattacher ce saint à Amfreville ? Merci.

(ce n'est pas vous poser une colle, il se trouve seulement que j'habite Pîtres et suis né à St Evroult Notre Dame du bois ,dans l'Orne)

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